Auguste Charpentier (Paris 1813 – Paris 1880)1837-1839
Huile sur toile / H. 85 ; L. 65 cm
«C’est là tout ce qui vous a manqué : la haine. Malgré vos grands yeux de sphinx, vous avez vu le monde à travers une couleur d’or», écrira Gustave Flaubert, le précieux ami de l’écrivain.
« Toute brillante de sa renommée », l’auteur d’Indiana éblouit le jeune Charpentier quand il débarque à Nohant, au printemps 1838 : « C’est la plus admirable tête que l’on puisse voir, et je ne suis pas encore revenu de ma première impression. Je commence son portrait demain seulement » confie l’ancien élève d’Ingres. Exposé au Salon de 1839, le portrait reçut les honneurs de la critique. George était représentée à mi-corps, appuyée avec autorité au dossier d’une des deux chaises hollandaises du salon avant que Solange sa fille, ne fît certainement réduire la toile. L’éclat des « yeux sombres et veloutés comme ceux d’une indienne » disait encore Musset, éclairent sans réchauffer la froide bienveillance de cette présence, la réserve silencieuse d’une sensibilité accoutumée dès l’enfance à se dompter. « Sainte Tranquille » l’appelait sa mère… par la vertu ou la magie de quelle conjuration ? Celle de l’écriture sans doute « Je tâche de dépenser et soulager mon cœur dans les fictions de mes romans, mais il m’en reste encore trop, et je n’ai pas le droit de le montrer sans qu’on en rie. C’est pourquoi je le cache » (George Sand, Lettre à Alfred Tattet, mars 1834). Seule transparaît ici la présence exceptionnelle de celle qui apparaît bien aujourd’hui comme la première femme moderne de la littérature française. Quelques fleurs placées dans les cheveux, de modestes bijoux dont l’un est aujourd’hui dans une vitrine du musée ; le camée aux trois profils qu’elle porte à la ceinture, agrémentent avec simplicité sa mise.