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Les mots du romantisme | Spleen

 
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Musée de la Vie romantique: adresse et horaires

Hotel Scheffer-Renan
16, rue Chaptal
75009 Paris

Téléphone :
+33 (0)1 55 31 95 67

Horaires d'ouverture :
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé les lundis et les jours fériés suivants : 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

Accès :
Métro : Saint-Georges (ligne 12), Pigalle (ligne 2 ou 12), Blanche (ligne 2)

Les mots du Romantisme
| SPLEEN |

Le mot spleen, d’origine anglaise, semble avoir été employé en France à l’époque de Denis Diderot, vers 1760, au moment où le père Hoop, écossais de ses amis, lui décrit le mal tenace qui l’habite : «  je n’ai jamais la tête libre. Elle est quelquefois si lourde que c’est comme un poids qui vous tire en devant, et qui vous entraînerait d’une fenêtre dans la rue, ou au fond d’une rivière, si on était sur le bord. J’ai des idées noires, de la tristesse et de l’ennui …»
Ce Spline ou vapeur anglaise, précise-t-il, rappelle par ses symptômes, une origine organique. Les anglais l’utilisent d’ailleurs pour expliquer une affection diffuse, une tristesse de l’âme ou langueur provenant d’une maladie de la rate.

Déjà chez les Anciens, il s’agissait d’un dérèglement des humeurs provoqué par un excès de bile noire, appelée Mélancolie, dont les propriétés irritantes et amères recelaient néanmoins des vertus insoupçonnées, réservées aux êtres d’exception.
Le démon s’en mêle à l’époque médiévale : une forme de mélancolie appelée acédie ou bain du diable est un état de dégout, de tristesse affectant l’esprit autant que le corps, de nature plus spirituelle qu’organique. Dante, le grand poète italien du XIVe siècle, qui inspirera de nombreux peintres à l’époque romantique, situe les Mélancoliques - « ceux qui allaient gémissant sous le clair soleil » - avec les Coléreux dans le cinquième cercle de son Enfer(1).
À la Renaissance, en 1514, le peintre allemand Albrecht Dürer grave sa Melancholia dans une posture promise à la postérité. Elle est personnifiée par une figure assise dont les ailes ne semblent plus d’aucun secours, la tête est lourde et repose sur la main.

Si le thème est connu depuis fort longtemps, c’est à l’époque romantique que sa variation anglaise devient à la mode en France.
Alphonse de Lamartine en fait usage dans sa correspondance où il évoque ce spleen qui le ronge trop souvent, ce dégout du monde que la « précieuse solitude » apaise (2).
Alfred de Vigny dans Stello en décrit les symptômes : « j’ai le spleen et un tel spleen…  j’ai le soleil en haine et la pluie en horreur ! ... »
Alfred de Musset quant à lui, en dandy anglophile, ironise dans le long poème Mardoche pour nous expliquer « [qu’]à peine le spleen le prenait-il quatre fois par semaine ».
Hector Berlioz enfin, au chapitre « Variations de spleen, l’isolement » de ses Mémoires expliquera comment les « vapeurs » se sont transformées en glace par un phénomène physique : «… l’ébullition du cœur, des sens, du cerveau, du fluide nerveux. Le spleen, c’est la congélation de tout ça, c’est le bloc de glace ». Dans l’usage du mot, on sent pointer une légère distance, une douce ironie, envers ce qui est autant une pose qu’une névrose, loin de ce « mal du siècle » dont nous parle Musset et dont semble atteinte toute une génération pour qui le seul remède se trouve dans la création.

Il faudra attendre Charles Baudelaire et les Fleurs du Mal pour que ces vapeurs anglaises reprennent la densité du plomb et ne révèlent l’ampleur d’une crise existentielle et néanmoins salutaire.

Texte de Catherine de Laborderie, conférencière

(1) Chant VII de L’Enfer, première partie de la Divine Comédie de Dante Alighieri
(2) Extrait de Jocelyn de Lamartine :
« Elle était à genoux sur ses talons pliés,
Ses membres fléchissants à la roche appuyés ;
Son front, pâle et pensif sous le poids qui l’incline,
Comme écrasé du poids, penché sur sa poitrine,
Ses bras tout défaillants passé autour du cou
De sa biche qui dort les flancs sur son genou. »

Illustrations :
- Feuchère, Jean-Jacques (1807-1852),  Satan, 1833, Statuette en bronze, Musée de la Vie romantique.
- Calamatta, Luigi (1802-1869), Francesca da Rimini, 1843, Musée de la Vie romantique.
Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, gravure d'après l'œuvre de Ary Scheffer.
- Jacquand Claudius (1803-1878), Laurence attendant Jocelyn, 1836, Musée de la Vie romantique.

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Conditions d'accueil du musée

Le musée de la Vie romantique et le salon de thé Rose Bakery sont ouverts tous les jours sauf le lundi.
Le musée est ouvert de 10h à 18h et le salon de thé de 10h à 17h30.
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